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Se brûler les ailes et recommencer encore

Posted by on 20/01/2016

Résultat de recherche d'images pour "histoire de la violence edouard louis"Histoire de la violence, Edouard Louis, éditions Seuil, 18 euros

On avait beaucoup aimé son premier roman, “En finir avec Eddy Bellegueule”; une nouvelle fois, Edouard Louis se met en scène et en danger dans ce deuxième texte, incandescent, cru, très proche (trop proche?) de la réalité. Un soir de Noël, l’auteur rentre chez lui après une soirée, somme toute assez sage, avec des amis. Place de la République, un jeune homme l’accoste et à force de discussion, le narrateur lui propose de monter dans son studio. S’ensuit une nuit tendre, faite de confidences et de gestes d’amour, pendant laquelle Reda – car c’est son prénom- lui confie l’histoire de son enfance et celle de son père, émigré d’Algérie. A un moment donné de la nuit, les événements prennent un tour tragique et inattendu : à partir de la disparition suspecte d’un portable, Reda menace le narrateur d’un revolver, le viole, l’étrangle à demi puis s’enfuit.

 Edouard Louis s’empare de ce qui pourrait être un fait divers sordide et le transforme en fait littéraire, remodelé, ressassé, raconté par sa soeur, reformulé par les policiers, répété encore de plusieurs façons, comme à l’infini. Il dit vouloir comprendre l’histoire familiale de Reda, ce qui l’a amené à cette réaction extrême, et ainsi “esquisser une histoire de la violence” plus universelle. Le projet est enthousiasmant, paraît peut-être chimérique et fou, mais on est vite entraîné dans ce récit haletant qui alterne entre les faits bruts, le récit fait par la soeur et les réflexions de l’auteur. Mais un texte si fort sur un tel sujet n’est-il pas condamné à s’essouffler? Comme chez Chritine Angot, sans enlever aux qualités d’écriture, l’aspect “ressassé” du récit risque, à terme, de lasser le lecteur. Ne gardons que les fulgurances, comme le récit du départ de Reda, implorant le pardon du narrateur collé derrière la porte ; la force d’un regard qui n’est pas noir et blanc mais qui sait si bien décrire des émotions parfois contradictoires. Une telle intensité ne peut que nous toucher.

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